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AVANT-PROPOS
L’annonce de la béatification de Mère Marie-Thérèse (Jeanne HAZE) suscite un grand élan d’intérêt qui se manifeste de bien des manières. Cette décision romaine a été ressentie comme une bouffée d’air frais. Un quotidien liégeois, consacrant un article à Mère Marie-Thérèse, titrait «Jeanne HAZE, une sainte dont Liège a besoin ». En fait ne serait-ce pas le monde entier qui aurait besoin de saints, c’est-à-dire de témoins de Dieu?
Mais nous connaissons peu celles et ceux qui, même s’ils nous précèdent de loin dans le temps, n’en restent pas moins des lumières sur notre route, aujourd’hui. C’est bien le cas de Mère Marie-Thérèse.
Pleinement intégrée dans le contexte social et religieux de son époque, elle n’est certainement pas étrangère à notre temps. Sa foi profonde mûrie dans l’épreuve, son sens du service enraciné dans l’Évangile, l’élan apostolique et missionnaire qu’elle imprime à une Congrégation internationale et à ses nombreux collaborateurs, la rendent plus vivante et plus actuelle que jamais.
C’est, sans aucun doute, ce que le lecteur découvrira en parcourant le présent fascicule, réalisé par une petite équipe de personnes qui ont relu avec les yeux du cœur la vie de Mère Marie-Thérèse.
Il s’agit d’un abrégé biographique. Le récit y est volontairement très sobre afin de laisser apparaître en toute simplicité et vérité la physionomie humaine et spirituelle de celle qui nous invite à aller, avec elle, à la rencontre de Jésus-Christ, à L’aimer et à Le servir dans ses membres, surtout les plus faibles et les plus souffrants.
Sr Marguerite DIRICK F.C.
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1833. Dans la jeune Belgique indépendante, la foi catholique peut se déployer, pour la joie des pauvres.
A Liège, la paroisse Saint-Barthélemy a créé une école de filles. Un jour, après les classes, deux de ses maîtresses prennent l’air dans la cour du couvent des Carmélites. Le temps est serein, le ciel tout bleu. Soudain leur apparaît, dans l’azur, une grande croix noire, de deux mètres environ, ornée d’une couronne blanche aux crénelures bien distinctes. Après un long moment, la croix s’efface et doucement disparaît. Les deux femmes en restent bouleversées. Jeanne HAZE n’est plus toute jeune : 51 ans. La croix qu’elle vient de contempler va marquer toute sa vie.
Ce symbole sera l’emblème de la Congrégation qu’elle va fonder le 8 septembre 1833.
Une lente maturation a précédé la réalisation de ce projet. La société liégeoise et, dans celle-ci, la famille de Jeanne ont vécu de grands bouleversements politiques et économiques.
Que penserait-elle aujourd’hui de notre époque troublée ? Elle ne serait certes pas déconcertée et elle agirait probablement de la même façon que pendant les années difficiles connues en ce début du XIXe siècle. Fidèle à elle-même, elle garderait contre vents et marées cette foi inébranlable en Dieu et dans les jeunes auxquels elle a voué la plus grande partie de sa vie.
Mais pour évoquer cette belle personnalité et décrire cet acharnement à vaincre, il faut plonger au cœur de l’histoire.
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LE TEMPS D’UNE REVOLUTION
Nous sommes aux confins du siècle des Lumières. La Principauté de Liège ne cesse de clamer son attachement à la France et à la vie culturelle de la grande capitale : Paris attire tous les regards. Les idées novatrices du temps et les écrits des philosophes français imprègnent progressivement la pensée des lettrés liégeois.
Jeanne naît à Liège le 27 février 1782 et est baptisée le lendemain en l’église Saint-Jean-Baptiste. Cette église fort ancienne datant du début du Xllle siècle, avait été reconstruite quelques décennies plus tôt, et se trouvait en Féronstrée à hauteur de la rue qui actuellement porte son nom. C’est là qu’en général, à Liège, on baptisait les enfants.
Peu de temps après, la famille s’installe dans la paroisse Saint-Adalbert englobant les rues du Pont d’Ile, du Pot d’Or, des Dominicains, de la Casquette et la place Saint-Jean 2.
Jeanne est l’avant-dernière d’une famille de six enfants. Le père, Louis HAZE, après avoir enseigné quelque temps, est devenu secrétaire du Prince-Evêque. C’est un lettré qui se charge d’instruire lui-même ses enfants.
Mais bientôt la révolte gronde à Paris comme à Liège. L’hiver 1788-1789 est rigoureux et la hausse du prix du pain a mécontenté le peuple 3. Les Liégeois font écho aux Français.
Si le 14 juillet 1789, les Parisiens s’emparent de la Bastille, le 18 août de la même année, «le peuple liégeois envahit l’Hôtel de Ville, choisit des bourgmestres favorables à sa cause, entendant faire respecter toutes les mesures prises dans l’enthousiasme et la ferveur populaire»3.
Le dernier Prince-Évêque est monté sur le trône épiscopal en 1793. Le climat est tendu à Liège. L’armée française est déjà en terre liégeoise. Bientôt, la cité ardente tombe aux mains des Français.
C’est en 1794 que se situe la nuit tragique où le père de Jeanne, attaché à la personne du Prince-Évêque, est obligé de fuir. La famille connaît les angoisses et les déchirements, lot de tous les réfugiés.
Le seul garçon de la famille reste à Liège avec sa grand-mère. Les cinq filles accompagnent leurs parents. Mêlés à de nombreux expatriés et poursuivis par les révolutionnaires victorieux, les membres de la famille HAZE sont pris dans l’affolement d’une débandade. Quatre des filles dont Jeanne sont séparées de leurs parents. Ceux-ci les cherchent longuement. Le père s’épuise en démarches infructueuses. Atteint d’une maladie de cœur, il meurt à Düsseldorf.
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En 1795, Jeanne et ses sœurs retrouvent leur mère et rentrent à Liège. Ainsi s’achève une période bien douloureuse pour cette petite fille qui a maintenant 13 ans et qui comprend mal pourquoi les Liégeois qui se reconnaissaient au cri «Liège et Saint Lambert» 4, ont mis tant d’acharnement à détruire leur immense cathédrale.
En quelques années, l’environnement familial, social et religieux de Jeanne a été profondément bouleversé. Les épreuves de toutes sortes ont marqué la famille HAZE, et pour les enfants, la vie n’est pas facile.
Pour survivre, Madame HAZE et ses filles se mettent au travail : couture et broderie. Comme si la croix de la pauvreté ne suffisait pas, deux nouveaux deuils frappent la famille : la grand-mère maternelle meurt en 1796, et l’année suivante, Baudouin, le frère de Jeanne, épuisé par les études de droit qu’il vient de terminer avec succès, succombe à une maladie mystérieuse.
De plus, «la vie de l’Eglise a été perturbée dans la cité épiscopale : l’Évêque a dû fuir devant les révolutionnaires. La plupart des communautés religieuses ont été dispersées, le clergé séculier s’est divisé sur le serment à prêter. Sur la quarantaine d’églises qui exprimaient la foi des habitants de la cité avant l’arrivée des Français, il n’en subsiste plus que onze après leur départ. L’église où Jeanne a été baptisée est démolie et après avoir servi d’écurie, l’église Saint-Adalbert est rasée en 1809 »5. Les épreuves ont marqué lourdement les cœurs. Jeanne, adolescente, a acquis en cette période, une maturité précoce.
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1 TH.GOBERT, Liège à travers les âges. Les rues de Liège. Bruxelles, t. VI, p. 346 et suiv.
2 TH. GOBERT, op. cit. t. III, Bruxelles, 1976, p. 19.
3 Histoire de la Wallonie, publiée sous la direction de Léopold Gènicot.
4 J. LEJEUNE, La Principauté de Liège, Liège, 1980, p. 196.
5 D’après P. GERIN, Notes communiquées.
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LE TEMPS DE L’APPEL
À nouveau temps, nouvelles formes de vie religieuse. Un long cheminement spirituel attend Jeanne ; il s’exprimera à toutes les époques de sa vie par des réalisations bien concrètes répondant aux besoins sociaux les plus immédiats.
Liège, ballotée d’un régime à l’autre, tombe sous le pouvoir hollandais.
Le paupérisme n’a fait que s’amplifier dans les premières décennies du XIXe siècle. Le nombre d’indigents ne cesse de s’agrandir. La pauvreté atteint au moins une personne sur cinq. « Mais les chiffres officiels ne correspondent sans doute pas à la réalité qui compte aussi des pauvres honteux, bourgeois déchus, assistés en priorité et en cachette par le clergé. Les institutions d’assistance, mises en place depuis le régime français, ne parviennent pas à suivre la pauvreté dans sa croissance ; leurs ressources sont insuffisantes, de même que les infrastructures d’accueil, comme les orphelinats. »6
Si les deux sœurs HAZE avaient voulu entrer dans une des communautés religieuses subsistant encore à Liège (Carmélites, Bénédictines, religieuses de la Compagnie de la Miséricorde)‘, elles n’y auraient pas trouvé la forme de vie qui répondait à leurs aspirations. Trop d’épreuves ont ébranlé le cadre même de leur vie pour qu’elles puissent concilier prière et apostolat dans l’ancienne structure de la vie religieuse. Les événements qu’elles avaient vus se dérouler, le contact avec d’autres visages, la rencontre et l’expérience de tant de situations douloureuses constituent pour elles une préparation à une vie nouvelle. Elles n’en devinent sans doute pas les contours mais tout cela forme pour elles les éléments constitutifs de leur vocation. C’est Jeanne qui sera la réalisatrice du projet et sa sœur l’accompagnera.
Tandis que trois de leurs sœurs se marient, Jeanne et Ferdinande, deux inséparables, voudraient consacrer leur vie aux défavorisés : les pauvres, les malades, les enfants. Jeanne va les aborder, éclairée par l’Évangile.
En 1820, Madame HAZE meurt, les deux sœurs, âgées de 38 et 40 ans, se donnent de plus en plus aux œuvres de charité dans la paroisse Saint-Jean.
En 1824, une jeune fille décidée à entrer chez les sœurs de Notre-Dame, offre aux demoiselles Haze une école qu’elle vient de créer dans la paroisse Saint-Barthélemy.
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6 N. HAESENNE-PEREMANS, La pauvreté dans la région liégeoise à l’aube de la révolution industrielle. Un siècle de tension sociale, (1730-1830).
7 J. DARIS, Histoire du diocèse et de la Principauté de Liège, 1724-1852, Liège, 1873, t. IV.
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Mais les pauvres n’y trouvent pas leur compte, car l’école, comme toutes celles de l’époque, est payante… Les deux sœurs ajoutent aussitôt un atelier de lingerie et de broderie pour les filles sans ressources.
Le doyen de la paroisse, l’Abbé CLOES suit avec intérêt l’œuvre des deux sœurs. Son quartier, celui du Nord, est entièrement dépourvu d’œuvres religieuses. Il n’y a pas une seule école gratuite. Sans attendre l’autorisation légale, il décide d’en créer une et il en offre la direction aux deux sœurs. Sans hésiter, elles disent oui. Elles ont reconnu l’appel de Dieu et elles s’embarquent dans ce projet plein d’audace. Elles abandonnent sans regret une sécurité trouvée après tant de vicissitudes, pour une situation encore aléatoire ; elles vont manquer de l’essentiel pour exister : un local et des ressources.
Mais, une petite maison du carmel est tout à coup libérée. Elle est offerte au vicaire de la paroisse, l’Abbé Jean-Guillaume HABETS. Celui-ci renonce à l’occuper, préférant rester dans sa mansarde et consacrer cet espace à l’école naissante.
En 1829, (Jeanne a 47 ans), les deux sœurs prennent logement dans la cour du carmel, au Potay. Leur nièce, Henriette TIXHON, âgée de 7 ans, vient partager leur vie de prière et de pénitence.
Très vite, les enfants affluent de partout ; ce sont des enfants de la rue. Tantôt timides ou effrontés, attendrissants ou grossiers, ils rendent la vie dure à nos deux institutrices. Pourtant, à force de patience et d’amour, les deux sœurs voient leurs efforts récompensés. Mais la tâche est épuisante pour Jeanne qui, après la classe, s’empresse d’aller rendre visite aux malades ou rassemble les enfants illettrés travaillant déjà en usine pour faire leur éducation religieuse. En plus du travail épuisant, il faut affronter les soucis quotidiens, les difficultés financières.
Voici comment elle raconte les débuts de l’école gratuite :
«Quand nous avons commencé nos classes, on n’avait jamais vu de religieuses dans le quartier et les enfants étaient à demi-sauvages. Quelquefois, elles arrivaient en classe noires comme la houille, mais nous les aimions bien tout de même. Le dimanche nous semblait long. Nous nous réjouissions de voir revenir le lundi pour les avoir de nouveau en classe. Ces enfants étaient fort exposées chez elles, venant pour la plupart de petits cabarets et de maisons pires encore. »8
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8 De la béatification et de la canonisation de la servante de Dieu, Sœur Marie-Thérèse Haze, Rome, Imprimerie Vaticane, 1911, II, p. 232.
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1830, date de l’indépendance de la Belgique, marque un grand tournant dans la vie de la petite communauté. La nouvelle Constitution autorise l’Enseignement Libre. La mort subite du doyen de Saint-Barthélemy est une catastrophe pour les quatre-vingts enfants de l’école gratuite. Mais le nouvel Évêque de Liège, Monseigneur VAN BOMMEL, veille sur elle. Il confie cette œuvre et la direction spirituelle des maîtresses au jeune vicaire de Saint-Barthélemy, Jean-Guillaume HABETS. Celui-ci n’a que 28 ans mais sa vie intérieure, son envergure intellectuelle, son bon sens supérieur l’habilitent à cette mission délicate. Il sera désormais pour Jeanne un conseiller si sûr qu’elle s’effacera entièrement devant lui, jusqu’à lui attribuer la paternité de ses propres œuvres.
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LE TEMPS DES FILLES DE LA CROIX
La Constitution du nouvel état belge proclame la liberté d’enseignement. Aussitôt, d’anciennes congrégations exilées réapparaissent, de nouvelles communautés se fondent et se multiplient rapidement. Elles prennent en charge, à côté de l’enseignement diocésain, une bonne partie de l’enseignement primaire et secondaire catholique. Plusieurs communautés religieuses joignent à l’enseignement des activités caritatives les incluant parfois dans la formation qu’elles dispensent aux élèves 9.
Jeanne repense souvent à l’appel du Seigneur. Le moment de devenir religieuse et de répondre aux problèmes de ses contemporains n’est-il pas enfin arrivé ?
La chose n’est pas si simple à réaliser : on n’a jamais vu jusqu’alors des religieuses enseignantes. Tenace, elle veut concrétiser son rêve : vivre en communauté afin de partager, entre sœurs, la prière et le travail, les joies et les peines.
Le 2 février 1830, le nouvel Evêque de Liège, Monseigneur VAN BOMMEL arrive dans sa ville épiscopale. En 1833, Monseigneur visite l’école des pauvres et se montre très impressionné par l’ampleur du travail réalisé par Jeanne HAZE, sa soeur Ferdinande et deux collaboratrices. Il voit de bon augure qu’une nouvelle congrégation soit fondée à Liège pour venir en aide aux plus déshérités.
L’Evêque choisit Jeanne, pourtant si discrète parmi ses compagnes, pour devenir Supérieure de la Communauté.
Le 8 septembre 1833, une foule nombreuse se presse dans l’église du carmel. Lors d’une cérémonie simple et émouvante, le groupe va prendre, sous l’inspiration de la fondatrice, le nom de «Filles de la Croix». Jeanne devient Mère Marie-Thérèse ; elle prononce ses vœux perpétuels. Sa sœur Ferdinande fait de même et porte le nom de Sœur Aloysia. Deux de leurs compagnes émettent des voeux temporaires. Deux novices les rejoignent.
«Le 13 mars 1845, l’Evêque VAN BOMMEL se rend à Rome et expose l’état de son diocèse au Pape Grégoire XVI qui approuve les statuts de la Congrégation »1°. Les Constitutions des Filles de la Croix seront approuvées le 9 mai 1851 par le Pape Pie IX.
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9 B. NIZET, dans A. d’HAENENS, Un passé pour 10 millions de Belges, Bibliocassette 4, Les religions et le sacré, éd. Artis-Historia, fiche n° 227.
1° J. DARIS, Histoire pu diocèse de la Principauté de Liège, 1724-1851, Liège, 1873, t. IV.
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En novembre 1833, Liège est touchée par une épidémie de typhus. Décuplant leurs forces, les sœurs soignent les malades mais n’échappent pas à la contamination. La communauté naissante est décimée ; Sœur Aloysia meurt et Mère Marie-Thérèse est au bord de l’épuisement.
Relevant une fois de plus la tête, Mère Marie-Thérèse et son unique compagne reforment une communauté avec d’autres jeunes filles partageant le même idéal. Ensemble, elles reprennent leurs activités. L’Evêque accepte qu’en plus de l’enseignement, les Filles de la Croix soignent les malades. Mais leur champ d’action va encore s’élargir ; en 1841 elles vont affronter l’univers carcéral de la prison de Liège localisée au Palais des Princes-Evêques. La vie en prison est pénible : les cellules sont dégoûtantes, les prisonnières agressives. C’est non sans mal que les religieuses apportent un peu de réconfort et de tendresse à ces femmes meurtries. Pourtant, comme pour les enfants de la rue, leur message de bonté va toucher ces cœurs aigris ou révoltés et plusieurs de ces femmes vont comprendre que les sœurs sont venues pour les aider.
En 1842, les Filles de la Croix fondent une maison de refuge pour filles sauvées de la prostitution.
En 1843, elles prennent en charge le dépôt de mendicité de Reckheim où 342 personnes étaient exposées à toutes les déchéances.
En 1849 et 1866, elles se dévouent auprès des victimes du choléra et de la variole, dans toute la ville et la grande banlieue liégeoise.
En 1866, pendant la guerre austro-prussienne et en 1870 lors de l’affrontement franco-allemand, elles sont présentes sur le champ de bataille pour les soins aux blessés.
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LE TEMPS DE L’EPANOUISSEMENT
Après 20 ans d’une action locale et régionale, on assiste à l’explosion géographique des implantations des Filles de la Croix. En 15 ans, de 1851 à 1865, la Congrégation fonde des maisons en Allemagne et en Angleterre. C’est Henriette, la petite nièce maintenant âgée de 41 ans et devenue une religieuse enthousiaste, qui s’embarquera pour la fière Albion avec cinq compagnes. Mais les sœurs de Mère Marie-Thérèse vont bien plus loin encore. En 1862, on les trouve au Pakistan actuel créant des écoles et ateliers de couture. En Inde, devant le phénomène de la pression démographique, elles répondront à d’autres besoins que ceux de l’école surpeuplée en créant dispensaires, pensionnats, orphelinats, hospices…
Mère Marie-Thérèse a accueilli neuf cents religieuses réparties dans cinquante et une maisons de par le monde.
Elle va bientôt fêter ses 94 ans. Encore 50 jours. Mais elle préfèrera nous quitter juste au lendemain de la fête de l’Epiphanie de 1876. Elle s’était préparée pendant exactement la moitié de sa vie (installation au Potay en 1829). Elle a agi et créé un monde pendant l’autre moitié.
Son complice dans la création de ce monde réservé aux plus démunis, le jeune vicaire HABETS, devenu chanoine, s’éteint lui aussi à la fin de la même année.
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LE TEMPS DU RAYONNEMENT
Comment s’expliquent les développements rapides et pourtant réfléchis de la Congrégation ? Par la personnalité de Mère Marie-Thérèse qui accepte pour ses Filles de la Croix les œuvres dont personne ne veut et qui fait confiance en la Providence.
Dans tous ses choix, Mère Marie-Thérèse obéissait à un appel, à un ordre intérieur perçu dans la prière. Bien souvent, d’un projet, à première vue utopique, ou humainement impossible elle disait : «Dieu le veut, c’est pourquoi cela se fera». Et cela se faisait envers et contre tout.
Elle va avec prédilection vers les plus pauvres. Pour mieux les servir, elle veut que ses filles soient bien formées, aptes à fournir le travail demandé : sortir les pauvres de leur indigence. Elle veut aussi qu’elles soient à la hauteur des exigences officielles. Sa consigne sera toujours : «ne pas végéter».
Le secret d’initiatives qui lui valent d’être en avance sur son temps se trouve dans son sens social remarquable, son recours fréquent au travail en équipe, son désir de former des instruments généreux et efficaces pour le service de Dieu et de ses frères.
Longtemps, elle n’a pas su ce que Dieu voulait d’elle. Une seule certitude l’a guidée : en allant aux plus pauvres, aux détresses du corps et de l’âme, on ne se trompe jamais.
Encore faut-il aller aux pauvres avec un cœur de pauvre…
Au-delà de la mort, son œuvre continue.
Les maisons se multiplient en Belgique francophone et néerlandophone, en Allemagne, en Angleterre, en Inde et au Pakistan.
Les Filles de la Croix partent pour le Congo belge (Zaïre) en 1911. Elles y resteront jusqu’en 1988 après avoir aidé à la fondation d’une Congrégation diocésaine zaïroise : les Sœurs du Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie. Cette congrégation est devenue autonome en 1956 et a repris la plupart des postes de mission des Filles de la Croix. Installation aux Pays-Bas en 1924, en Italie en 1929, au Brésil en 1953 et enfin en Californie en 1958.
Au 1 er janvier 1991, la Congrégation compte 1.089 membres dispersés en divers pays et continents. En Europe, elles sont présentes en Belgique (diocèses de Liège et de Hasselt), en Allemagne, Angleterre, Irlande et Italie. En Asie, les Filles de la Croix sont implantées au Pakistan et en Inde (dans les Etats de
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Maharashtra, Gujarat, Karnataka, West Bengal et Orissa). Il faut aussi noter quelques petites communautés au Brésil et en Californie.
Dans un monde en mutation, les sœurs s’efforcent d’actualiser l’inspiration de leur fondatrice de manière à donner aux besoins nouveaux une réponse adaptée.
Dans les pays du Tiers-Monde, priorité est donnée à l’action éducative, sociale et sanitaire surtout dans les villages et auprès des plus pauvres. Une attention spéciale est accordée à la promotion de la femme et à l’instruction des filles souvent négligées dans ces populations rurales. Des sœurs s’occupent des malades atteints de la lèpre et de la tuberculose.
Dans les villes, les institutions (écoles, hôpitaux, homes pour enfants) s’efforcent de plus en plus d’être des agents de changement social, notamment par l’accueil de tous (élèves et patients) sans distinction de classe sociale ou d’appartenance religieuse. Dans le domaine de l’éducation, les sœurs et leurs collaborateurs laïcs ont à cœur de sensibiliser des jeunes — et autant que possible leurs parents — aux valeurs de justice sociale et de respect de tout être humain. Une aide directe matérielle et morale est apportée aux nombreux habitants des bidonvilles. L’action sociale se double presque partout d’un travail pastoral effectué en lien avec les prêtres et les laïcs de l’Eglise locale.
En Europe, les sœurs sont moins présentes qu’autrefois dans les institutions scolaires et caritatives. Elles assument cependant encore des responsabilités et des soins dans les homes pour enfants et adultes handicapés, dans des homes pour personnes âgées, dans des unités de soins palliatifs ou de désintoxication pour victimes de l’alcool et de la drogue. Dans le cadre d’organisations diverses, elles contribuent à l’alphabétisation, l’aide aux immigrés, au Quart-Monde et au Tiers-Monde. Au sein des paroisses, elles prennent part à divers services d’Eglise. Partout, des efforts sont déployés pour rejoindre les pauvres là où ils sont et pour les aider à s’aider eux-mêmes.
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LE TEMPS DE DECOUVRIR UN VISAGE
Alors que nous traversons des moments difficiles dans un monde écartelé où certains croient percevoir « l’ère du vide», la figure que l’Eglise honore en béatifiant Mère Marie-Thérèse peut sembler lointaine. Et pourtant…
Cette femme à la personnalité riche et généreuse, audacieuse dans la foi, ferme et bonne, humble et effacée dans ses réalisations a tellement à nous dire :
Elle a pourtant peu parlé, peu écrit,
Elle a beaucoup prié,
Elle a pris l’Evangile dans sa main, Elle a dit oui,
Elle a agi.
Son humilité même l’a trahie; telle un levain, elle germe dans l’obscurité… la récolte sera étonnante.
Et si les vertus s’illustraient toutes en elle?
HUMBLE ET DISCRETE :
«A une sœur affirmant combien on avait besoin d’elle, elle répondit : Besoin de moi ? ce sera un carreau hors d’une fenêtre vite remplacé » 11
OBEISSANTE :
«Elle obéissait parfaitement à Monsieur le Chanoine HABETS, notamment pour ce qui concerne la visite des maisons. Quand il lui disait de visiter telle ou telle maison, elle partait aussitôt, quel que soit son état de santé» 12.
SAGE :
«Emue d’une tendre compassion pour les misères spirituelles et corporelles du prochain, la Fondatrice ouvrait largement son cœur à toutes les œuvres de charité. Mais conduite par l’esprit de sagesse et de prudence, elle ne réalisait ses vues qu’après les avoir soumises à la sanction du cofondateur ou de ses supérieurs ecclésiatiques » 13.
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11 Op. cit., I, p. 91.
12 Op. cit., II, p. 77.
13 Op. Cit., III, p. 33.
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TENDRE ET JUSTE
« Mère Thérèse m’a admise au postulat bien que Sœur Henriette ne voulut pas parce que j’étais trop vieille. Mère Marie-Thérèse répondait que je saurais toujours bien prier pour les autres et qu’elle me voulait bien comme cela. J’ai été 30 ans dans la maison de Spa ; elle y venait souvent et elle me serrait toujours affectueusement dans ses bras en disant : Venez, bin anneïe. Un jour que j’avais mon tablier tout mouillé, elle me dit : Vinez m’feie; ji v’saime bin comm cçula, c’est-à-dire : Venez ma fille, je vous aime bien comme cela. Je ne savais pas le français. Alors, elle me recevait lorsqu’elle faisait la visite. Elle me faisait dire mes prières. Je les récitais en patois, comme je les avais apprises de ma mère. Elle riait de bon cœur en entendant cela »14.
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14 Op. cit., II, p. 23.
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DOUCE ET AUDACIEUSE
Quand les Filles de la Croix sont demandées à la prison de Liège pour la surveillance et l’assistance des recluses, celles-ci se trouvaient reléguées, sans cellules particulières, dans la partie la plus sombre et la plus délabrée de l’ancien Palais des Princes-Evêques. Dans une cohabitation de tous les instants, les vices et les maladies se multipliaient, et le personnel laïc, de propos délibéré empêchait toute initiative de réforme. Pour cette mission exceptionnelle, Jeanne réunit ses sœurs en chapitre et n’invite que des volontaires. Toutes les sœurs, sans exception, sollicitent l’honneur d’être choisies. Lorsque les quatre élues arrivent à la prison, on leur désigne leur « appartement » : la chambre affectée aux galeuses ! Quelques mètres carrés, une fenêtre mal jointe dont les chiffons comblent les fissures, quatre lits mal couverts, trois casseroles bosselées, voilà leur dortoir, leur cuisine, leur salle à manger… Comme discours de bienvenue, les cris obscènes et les ricanements des détenues… Après quelques semaines, la douceur, la patience et l’amour ont tout changé. Les sœurs sont acceptées et aimées. Des conversions spectaculaires impressionnent même les agnostiques. Tant et si bien que l’Administration demande aux Filles de la Croix de prendre en charge, dans le même Palais, l’hôpital des femmes déchues ! Là, comme dans la prison, tout manque : l’ordre, l’hygiène, la moralité… Mais ici la turpitude des âmes et la hideur des corps sont si répugnantes que personnes, même l’aumônier HABETS, n’ose envisager l’envoi de religieuses dans un tel bouge. Avant de refuser, il en parle néanmoins à Mère Marie-Thérèse. Celle-ci l’écoute, très émue. Puis, après un long silence, les yeux pleins de larmes, elle dit simplement : « Et cependant ce sont des âmes pour lesquelles Notre-Seigneur a donné son sang. Envoyez-moi, j’irai de tout cœur ». De nouveau, on soumit le problème au vote des religieuses professes. Sur vingt suffrages, dix-neuf oui et une abstention!
Telle mère, telles filles.
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«Dans la terrible épidémie de choléra, en 1849, les sœurs ne suffisent pas à la tâche. De partout on les appelle au secours. On ne trouve pas, en ville, assez d’ambulancières ni d’infirmières. Tout le monde a peur de la contagion. Les riches se sauvent à la campagne… Alors, Mère Marie-Thérèse a une idée géniale : elle invite les « repenties» à se proposer comme volontaires. La réponse de ces filles, hier encore méprisées et humiliées, dépasse toutes les espérances. Heureuses de se racheter, elles se dévouent héroïquement. Pas une d’entre elles ne mourra du choléra. <Elles vous précéderont dans le royaume>, Jésus l’avait prédit. »
CHARITABLE :
«Dans ses relations avec les personnes du dehors, elle gardait la simplicité qu’elle avait avec ses filles; on aimait à s’entretenir avec elle. Son principe était que les religieuses n’ont pas besoin d’une grande instruction sur les devoirs de bienséance pourvu qu’elles connaissent les devoirs de la charité»15.
PERSEVERANTE :
«Au lieu de chercher la perfection au loin, dans des actions extraordinaires, dans la multiplicité des œuvres de piété ou de charité, ou dans les lectures sublimes, elle s’appliquait à perfectionner chacun de ses moindres actes. Il faut faire toutes vos actions en vue de plaire à Dieu, disait-elle»16.
SIMPLE ET COURAGEUSE :
«Tout était simple dans la maison : au commencement, Mère Marie-Thérèse ne reculait devant aucun travail ; elle portait des hottes de fumier au jardin »17.
CROYANTE :
«Elle n’avait pas fait de hautes études et les nombreuses occupations qui l’accablaient ne lui laissaient guère le temps de lire beaucoup. Où avait-elle puisé cette science des Saints? Dans son union avec Jésus Eucharistique, j’en ai l’intime conviction ; Il était son Maître comme II était sa force et sa consolation. La communion presque journalière lui donnait lumière et nourriture »18.
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15 Op. cit., II, p. 215.
16 Op. cit., IV, p. 12.
17 Op. cit., II, p. 343.
18 Op. cit., I, p. 55.
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Mère Marie-Thérèse et les premières générations des Filles de la Croix partagent avec leurs contemporains un certain nombre de dévotions : le Saint-Sacrement, le Sacré-Cœur, les mystères de l’enfance du Sauveur, la Sainte Vierge, spécialement Notre-Dame des Douleurs, Saint Joseph. Ces dévotions n’ont rien de mièvre mais elles sont présentées sans lien organique, sans élaboration théologique.
«La piété de Mère Marie-Thérèse était tendre, éclairée et solide. S’inspirant de l’esprit de l’Eglise, elle suivait avec ferveur les phases de l’année liturgique et initiait ses filles à cette sainte pratique»19.
«Elles (les Filles de la Croix) ont pour but de reconnaître et d’annoncer que l’amour de Dieu
s’est manifesté d’une manière éclatante
dans la passion et la mort de Jésus.
En réponse à cet amour,
les Filles de la Croix
rendent honneur et gloire au Christ
en l’aimant et en le servant dans ses membres,
surtout les plus faibles et les plus souffrants »20.
VISIONNAIRE ET INTUITIVE
Comme Jeanne d’Arc, sa patronne céleste, Jeanne Haze a eu «des voix», des songes, des visions que la psychologie des profondeurs ne peut que soupçonner.
Une nuit, Jeanne est réveillée soudain. Jésus lui dit : «Vous m’êtes fort agréable parce que vous prenez soin des enfants». Les Filles de la Croix n’ont jamais oublié cet encouragement.
Une autre fois, Saint Paul, qu’elle vénérait, lui apparut gravissant une colline, vent debout, intrépide. Elle comprit qu’elle devait comme lui affronter sans peur les intrigues d’une brebis galeuse.
C’est dans un songe encore que lui apparut le costume qu’elle a adopté pour elle et pour ses filles. Elle se trouvait au pied d’un escalier conduisant à un autel de la Sainte Vierge. Celle-ci l’invite à gravir les marches et lui montre deux salles voisines. Dans la première de ces salles, se trouvent deux religieuses en prière portant un costume qu’elle choisit pour ses sœurs.
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19 Op. cit., III, p. 34.
20 Constitutions des Filles de la Croix de Liège, Liège, 1983, article 1.
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Ferdinande, tout en donnant classe, devait préparer le repas des soeurs. Elle avait mis sur le feu, avant la leçon, un peu de bière pensant y ajouter plus tard le nécessaire pour la soupe. Un incendie se déclare pendant qu’elle est en classe. Elle ne songe plus au dîner mais quelle ne fut pas sa surprise en allant à la cuisine de trouver la soupe déjà prête. Toutes prirent avec appétit ce qu’elles appelèrent « la soupe de l’ange».
Elle a dit «oui » aux tâches les plus âpres, elle soigne les corps et les esprits, elle enseigne, elle inspire.
Prophète en son époque, elle agit sans répit balisant le chemin de ses compagnes qu’elle entraîne dans sa rencontre avec les autres, avec Jésus-Christ.
Personnalité riche aux facettes multiples : éprise de justice et de liberté, fonceuse mais sans témérité. Réfléchie et imprégnée de sa foi, puisant sa force dans la prière, elle répond aux problèmes sociaux de son époque avec discrétion, simplicité et tolérance.
En bonne Liégeoise, elle aime parler en wallon «Ji v’saime bin comm çoula» et elle préfère un accès de gaieté à un air morose. Elle ne supporte pas l’oisiveté car elle a horreur de la nonchalance ; elle sait combien les «autres», ses frères souffrants, réclament d’amour et d’attention. Tolérante, elle ne juge pas, elle aide sans compter les syphilitiques, les détenues dans les prisons, les indigents, les enfants aux visages noirs de houille.
Audacieuse mais lucide, elle se connaît bien, et aime que ses « Filles» reconnaissent aussi leurs défauts et leurs qualités. A une sœur qui parlait de ses difficultés de caractère, elle répond : «Vous êtes bienheureuse, mon enfant, de connaître vos misères. J’aime bien mieux cela. Le ciel souffre violence et ce sont les violents qui l’emportent. » 21
Parole lucide et tellement actuelle. Voilà pourquoi son message reste, à l’aube du 3e millénaire si plein, si fort, si vivant.
Ce charisme, cet envoi en mission est offert comme stimulant à tous les chrétiens d’aujourd’hui.
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21 Op. cit., II, p. 326.
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La béatification de Mère Marie-Thérèse est un appel car elle nous est donnée comme modèle afin que nous devenions des Saints sans doute fragiles mais interpellants dans notre travail, notre foyer, nos amitiés.
Bousculés par notre fin de siècle mais non désespérés, nous devons, comme elle, puiser dans cette foi inébranlable le courage de descendre tous les jours dans la rue, l’Evangile à la main. Que nos vies soient à sa suite «escalade ».
«N’ayez pas peur d’être saints. »
«N’ayez-pas peur de cette liberté-là. »
Jean-Paul II à Compostelle, 1988.
Aujourd’hui, elle nous dirait : «Ecoute, espère et fais de même.»
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EXTRAITS DES CONSTITUTIONS DES FILLES DE LA CROIX
LE CHARISME DE LA CONGREGATION
Article 2
Pour découvrir et révéler
le visage de tendresse de Dieu,
les Filles de la Croix
contempleront Jésus,
humble serviteur de l’amour rédempteur,
trahi par un de ses disciples,
renié par un autre, abandonné de tous,
livré à ses ennemis, flagellé,
couronné d’épines, traversant
les rues de Jérusalem chargé de sa croix.
Elles le contempleront au calvaire,
en compagnie de Marie, sa Mère,
de Saint Jean et de Sainte Madeleine,
pour comprendre le langage de la Croix :
folie pour ceux qui se perdent et,
pour ceux qui se sauvent, puissance de Dieu.
Article 6
Dociles à l’Esprit, elles discerneront
les signes des temps
pour rester, auprès de leurs contemporains,
témoins fidèles du Christ
et messagères de la Bonne Nouvelle.
TEMOIGNAGE APOSTOLIQUE
Article 18
Se consacrer par la profession religieuse,
c’est avant tout épouser
la totale fidélité et la totale communion au Père
qui furent celles du Christ.
Cette communion, Jésus l’a traduite
dans sa vie d’homme
tout spécialement par sa pauvreté,
sa chasteté, son obéissance jusqu’à la Croix.
C’est par cette voie d’amour
que nous sommes consacrées à Dieu.
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Article 28
La charité fraternelle
régnant dans une communauté
rend plus facile le maintien
dans toute leur force et leur délicatesse,
des liens qui nous unissent au Christ.
Article 61
Notre mission est mission d’Eglise,
aussi notre charité doit-elle
embrasser le monde entier
auquel nous apportons toujours
l’aide de notre prière et, quand c’est possible,
notre secours actif.
Article 64
Comme les premiers chrétiens,
jour après jour, persévéraient dans la prière
et la fraction du pain,
nous centrons notre vie
sur la Parole et l’Eucharistie.
Article 99
Implantée dans une Eglise locale et à son service,
chaque communauté porte le souci de toute l’Eglise
et représente toute la Congrégation.
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BIBLIOGRAPHIE
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Théophile DE VILLE, Histoire de la Mère Marie-Thérèse, Dessain, Liège, 1887.
Un siècle d’existence de la Congrégation des Filles de la Croix de Liège (1833-1933), Rapid Press, Liège, 1933
Louis HumBLEr, s.j., La vénérable Mère Marie-Thérèse, Dessain, Liège, 1924. 2000 ans de christianisme, tome VIII, Aufadi, Paris, 1976.
Gabrielle EVRARD et Anne-Marie BORGUET, Jeanne, fille de Liège ou le secret d’un amour, Buteneers, Liège, 1983.
Th. GOBERT, Liège à travers les âges. Les rues de Liège, Bruxelles.
Léoplod GÉNICOT, Histoire de la Wallonie.
LEJEUNE, La Principauté de Liège, Liège, 1980.
GERIN, Notes communiquées.
HAESENNE-PEREMANS, La pauvreté dans la région liégeoise à l’aube de la révolution industrielle. Un siècle de tension sociale (1730-1830).
J. DARIS, Histoire du diocèse et de la Principauté de Liège, 1724-1852, Liège, 1873.
De la béatification et de la canonisation de la servante de Dieu, Sœur Marie-Thérèse Haze, Rome, Imprimerie Vaticane, 1911.
B. NIZET, dans A. d’HAENENS, Un passé pour 10 millions de Belges, Bibliocassette 4, Les religions et le sacré, éd. Artis-Historia.
Constitution des Filles de la Croix de Liège, Liège, 1983.
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